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L'Église et la lutte contre la pauvreté en Haïti par Professeur Vijonet Déméro

Dernière mise à jour : 18 juil. 2022

"Il faudrait 10 ans pour rassembler les matériaux et les ressources pour concevoir cette nouvelle société haïtienne par l’éducation que je considère comme étant l’arme la plus puissante contre la pauvreté."

Montréal, entrevue exclusive avec professeur Vijonet DÉMÉRO, PHD, auteur, recteur de l'Institut Universitaire de Formation des Cadres (INUFOCAD) et pasteur de l'Église de la Bonne Nouvelle.


Par Lefabson Sully, 5 minutes de lecture


«L'église et la lutte contre la pauvreté en Haiti invite les leaders religieux à conjuguer leurs efforts en vue de réduire la pauvreté à son plus bas niveau dans la société haitienne». Extrait de la quatrième de couverture du livre

Pendant son passage à Montréal, j’ai profité d’interroger le professeur Vijonet Déméro sur son ouvrage et sur sa vision pour Haïti. Je vous invite à découvrir cette entrevue intégrale en exclusivité.


LS: Bienvenue à Montréal Dr Déméro, je sais que vous étiez dans la ville de Québec, parlez-nous un peu de votre séjour là-bas et des projets actuels de l’INUFOCAD.


VD: Bonsoir Pasteur Lefabson ! Merci pour votre accueil chaleureux à l’occasion de mon passage à Montréal. Effectivement, j’ai été en tournée scientifique dans la région du Québec pour participer au congrès de l’ACFAS qui réunissait une vingtaine de colloques scientifiques. C’était pour moi l’occasion de participer comme conférencier d’ouverture au colloque qui porte sur la formation à distance en contexte de pays émergents animés par la professeure France Lafleur de l’Université du Québec à Trois-Rivières (UQTR). Et, du même coup, présenter une communication sur la motivation à l’encadrement à distance en prenant l’université INUFOCAD comme cas d’étude. C’était aussi l’occasion de présenter une communication sur l’enseignement supérieur en contexte de crise au colloque du LIRES (Laboratoire interdisciplinaire de recherche sur l’enseignement supérieur) animé par le professeur Olivier Begin-Caouette de l’Université de Montréal. C’était aussi une occasion d’or de participer au diner couronnant la fin de carrière du professeur Michel Umbriaco qui part à la retraite après 49 ans de service à la fois comme fondateur et professeur de l’Université TELUQ.

En tant que Pasteur, j’avais aussi profité de l’occasion pour délivrer la prédication à l’Église Méthodiste Libre de Rosemont et, par la suite, participer au diner de retrouvailles entre les anciens fidèles de l’Église de la Bonne Nouvelle ainsi que les anciens employés de Compassion et de Bethany Christian Services Global (BCSG). Lequel diner a été offert le Pasteur Lefabson Sully et sa femme Claudine Delva.


« ... être tolérant constitue une valeur basique pour un chrétien qui veut faire une différence dans la vie qu’il mène avec Christ. » Dr Vijonet DÉMÉRO

LS: Après avoir lu votre dernier ouvrage, j’ai tout de suite compris que c’est un outil puissant pour amorcer le changement au sein de la société haïtienne. Selon moi, le titre du livre pourrait avoir des mots clés comme changement ou développement cependant vous avez choisi la pauvreté. Pourquoi avez-vous choisi ce titre « l’église et la lutte contre la pauvreté en Haïti » et en quoi est-il encore pertinent si c’est le cas.


VD: Certains auteurs et directeurs d’opinion accusent les dirigeants des églises locales haïtiennes d’être promoteurs des pratiques visant à maintenir les adeptes du protestantisme dans la résignation et, par voie de conséquence, dans la pauvreté. A mon avis, l’église doit jouer le rôle de sel et de lumière dans cette société en évolution marquée par la corruption, la pauvreté, la médiocrité et l’analphabétisme. Donc, j’ai écrit ce livre pour proposer aux leaders un cadre méthodologique et didactique leur permettant d’orienter les chrétiens vers le développement et non pas vers la pauvreté. Effectivement, ce livre se veut un outil didactique efficace aux mains des leaders d’églises pour sortir de cette pauvreté chronique et multiforme qui ronge le pays depuis plus d’un siècle.


LS: Pour ceux qui ne l’ont pas encore lu, j’annonce que c’est un court essai d’une centaine de pages en français et en anglais avec un peu de langue haïtienne. En revanche, moi je le dis que c’est un livre facile à lire mais qui ne devrait pas être lu et déposé. Selon le préfacier, le sociologue Professeur Duckinson Jean, c’est un guide et selon moi, c’est un manuel d’enseignement pour les familles, les églises et les groupes. Comment expliquez-vous ce mélange de formes et de styles avec une profondeur extraordinaire et quelles sont vos attentes ?


VD: En écrivant le livre, je pensais à un public pluriel : membres d’église, moniteurs d’école du dimanche, enseignants, pasteurs, éducateurs, leaders d’église ainsi que les intellectuels qui tendent à embrasser le phénomène avec une lunette différente. C’est réellement un essai en sciences humaines qui aborde le phénomène étudié sous l’angle psychopédagogique et théologique. C’est aussi un essai qui ouvre une porte pour une discussion franche et ouverte susceptible d’amorcer un changement de mentalité à la fois du côté de l’élite éducative et religieuse du pays mais aussi des croyants.


LS: Vous avez évoqué 61 traits de caractère d’une vie chrétienne authentique, définition et versets à l’appui. Personnellement, je les aime tous et j’aspire à travailler afin de les atteindre un à un. Le trait 59 est « Tolérant ». Selon vous, à quel niveau qu’un chrétien peut être tolérant sur le plan religieux vu que le crédo du christianisme est de gagner des âmes pour Christ. Autrement dit, comment concilier la tolérance religieuse qui demande une grande ouverture d’esprit et le brisement de l'ignorance au zèle d’évangéliser qui n’a d’autre but que de christianiser l’humanité.


VD: Nous vivons dans un monde marqué par la diversité. Donc, nous sommes condamnés à vivre en société, à vivre au côté des autres, à collaborer avec les autres dans le respect de leurs valeurs et croyances. Le chrétien postmoderne doit savoir que Dieu n’est pas uniforme. Nous servons un Dieu pluriel et diverse. Le chrétien avisé doit accepter la diversité même à l’intérieur du christianisme évangélique. Nous devons accepter cette diversité qui ne nuit pas à la volonté de Dieu et à l’ordre du royaume de Dieu. Donc, être tolérant constitue une valeur basique pour un chrétien qui veut faire une différence dans la vie qu’il mène avec Christ.


LS: Selon moi l’idée de développer une théologie de l’enfant est bien cependant, je recommanderais plutôt une théologie de la famille qui serait plus englobante, efficiente et durable car parler de l’enfant en dehors d’un cadre familial (biologique ou adoptive) rend plus complexe sa protection et son évolution. Qu’en pensez-vous de cela?


VD: Effectivement, vous avez raison. J’ai évoqué intentionnellement la théologie de l’enfant juste pour répondre à un besoin exprimé par la majorité des organisations non-gouvernementales voulant ouvrir les yeux des dirigeants d’église à cette catégorie négligeable au sein des églises. Les enfants ont été complètement oublies et négligés au sien des églises. C’est ce qui explique aujourd’hui le processus de déchristianisation de l’Europe et de l’Amérique du Nord. Dans des sociétés telles que la France et le Québec, les églises sont presque vides. La nouvelle génération constituée d’enfants et de jeunes ne vont presque pas à l’église. L’église devient une affaire de « Ti Granmoun » pour assurer et garantir la célébration de leurs funérailles. Pour rester dans votre ligne, mon prochain ouvrage abordera cette catégorie de manière beaucoup plus globale et intégrée.



LS: Vous avez cité Paugam, Simmel et d’autres penseurs qui ont développé beaucoup de théories et concepts en lien avec la pauvreté. Vous avez aussi d’autres ouvrages et articles qui parlent du développement d’Haïti et du rôle de l’église dans ce processus socioculturel et historique. Maintenant, quelle est votre vision pour Haïti surtout en ces moments sombres et quelle invitation pourriez-vous lancer aux intellectuels haïtiens, aux leaders religieux, à la jeunesse et au peuple haïtien.


VD: Je me réfère aux travaux des philosophes tels que Jacques Dérida et de Paul Ricoeur pour dire qu’Haïti est un pays à de-penser (deconstruire), re-penser (reconstruire) pour pouvoir le penser (construire). Haïti doit être une cité où il fait bon/beau/bien de vivre (cité humaine). Bien évidemment une cité à bâtir. Bien sûr à travers l’éducation. Cependant, il faudrait 10 ans pour rassembler les matériaux et les ressources pour concevoir cette nouvelle société haïtienne par l’éducation que je considère comme étant l’arme la plus puissante contre la pauvreté, l’ignorance et la misère (Osée 4 :6).


Professeur Déméro anime chaque Samedi soir 18h-19h son émission dénommée « penser Haïti » sur radio Sentinelle Haïti 93.9 FM dans laquelle il ouvre un cadre de réflexion et propose des pistes de solutions au maux du pays. « L’église et la lutte contre la pauvreté en Haïti» est disponible aux librairies la Presse évangélique et La Pléiade au prix de mille (1500) gourdes. Le livre est aussi disponible en open source sur ce lien https://eglise.pressbooks.com/



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