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Dieu entre religion et la théologie, considérations de Denis Muller

Dernière mise à jour : 14 juil. 2022


« Pourquoi je suis entré en théologie? » voilà la question fondamentale de départ que tout aspirant théologien devait se poser et prendre du temps pour trouver la réponse.

La première chose que l’aspirant théologien doit faire en frappant à la porte d'un séminaire de théologie ou d'une école biblique confessionnelle, comme moi je l’ai fait en 2013, est de faire valoir sa prétention d’accéder à la connaissance de Dieu en répondant à la question suivante : Pourquoi voulez-vous étudier la Bible ou devenir théologien?


Je le dis tout de suite, étudier dans une école biblique à vocation pratique ou ministérielle de genre séminaire est différent des facultés de théologie qui sont 100% académiques.

Au fur et à mesure dans cet article je vais vous faire part mon expérience personnelle mais je vais surtout vous parler du point de vue du Théologien protestant suisse, Denis Muller dans un article ayant pour titre « La question de Dieu au cœur de l'humain et la tâche théologique de son élaboration académique et publique » publié en Avril 2008 dans la revue « Recherches des Sciences Religieuses ».

Muller aborde la question de la vocation du théologien sur une base existentielle,


« personne ne prétend détenir le monopole de la vérité » il convient de faire un déchiffrage sous la forme d’une généalogie personnelle.

« Pourquoi je suis entré en théologie? » voilà la question fondamentale de départ que tout aspirant théologien devait se poser et prendre du temps pour trouver la réponse.


Avant de revenir à Muller, il est accablant de constater que la plupart des réponses des gens (authentiques ou non) sont centrées sur l’appel de Dieu dans le sens que si je ne suis pas appelé par Dieu (un autre dilemme est de savoir quand et comment être appelé) mon étude risque d’être en vain ou je risque de ne pas connaitre du succès dans mes démarches. (En tout cas je le dis bien, je vous parle de mes propres expériences en séminaire de théologie).


Les réponses à la question pourquoi je suis entré en théologie peuvent être multiples soit pour comprendre les phénomènes liés à Dieu, pour apprendre sur l’existence de Dieu, de la création ou encore pour chercher la réponse à des questions existentielles.


En lien avec cette première tentative de réponse, les théologiens pourront se poser cette deuxième question à savoir « pourquoi rester dans la théologie? » Denis Muller a trouvé une bonne raison de persister dans son cheminement théologique en disant :

Je persiste aujourd’hui en théologie parce que la question de Dieu – et donc du sens de la vie, de l’amour et de la mort – se joue dans la maturation du sujet que j’essaie de devenir, et donc dans la mise à l’épreuve vive et constante de ma croyance ; non pas seulement ou d’abord de ma croyance comme noèse abstraite centrée sur un noème, mais de ma croyance en tant qu’elle structure mon devenir sujet. (Muller 2008)


Alors, entrer et rester en théologie demande tout d’abord un cadrage théologique transversal en posant la question de Dieu du point de vue anthropologique. En posant le problème ainsi, Muller part d’un génitif objectif et prend de contre-pied le point de vue de Karl Barth qui priorise un génitif subjectif.


Pour Muller, la question de Dieu est avant tout philosophique (génitif objectif) et requiert la contribution d’autres disciplines comme l’anthropologie et l’histoire de l’art car des études de ces disciplines (art préhistorique) montrent l’existence de « l’émergence de la conscience religieuse chez l’homme préhistoire ».


Après avoir passé en revue la religion bouddhiste et les points de vues de quelques philosophes non chrétien comme Sartre et Mc Intyre sur la religion, Muller avance ceci :


« Nous avons besoin aujourd’hui d’une nouvelle théologie fondamentale, qui ne se contente pas de poser la question de Dieu, mais qui reconnaisse que Dieu, sous une forme ou sous une autre, constitue jusqu’au bout et sans cesse l’objet spécifique de sa recherche et de sa démarche, la raison même de son doute radical et de sa passion pour la vérité. » (Muller 2008)

Donc selon lui, ramener Dieu à une dimension théologique académique serait une tache bien difficile mais pas impossible bien sûr. Dieu sera-t-il placer au début de la réflexion ou à la fin? ( Karl Barth versus Paul Tillich).


En tout cas, la véritable vocation du théologien serait de rechercher Dieu dans sa forme et dans sa teneur, le comprendre, l’expliquer et le mettre en lien avec des phénomènes insaisissables comme la mort, le sens de l’existence, l’origine de la vie par exemple.


Toutefois, le débat est toujours vif entre ceux qui pensent que la théologie devait être ouverte dans un cadre plus large que la religion (chrétienne), c’est-à-dire à ne pas servir seulement à une fin confessionnelle (à l’église). A ces gens-là Muller répond que c’est comme si on aurait voulu dé-théologiser la théologie.

En fait, je pense que la théologie a pour but premier d’aller à la recherche et à la compréhension de Dieu. Bien que pour ceux qui sont formés dans des séminaires ou des écoles bibliques confessionnelles cet objectif serait très loin d’être atteint malheureusement, car ils sont plus préparés pour le ministère, pour le champ, que pour comprendre et expliquer Dieu dans une dimension scientifique.

En tout cas, si je reviens aux deux questions de départ, pourquoi venir en théologie et pourquoi y rester, la réponse serait plus personnelle mais je pense qu’on ne rend pas un grand service à la théologie si on la circonscrit seulement dans la limite des églises et de la pratique religieuse.

Alors, « … la théologie ne saura se contenter de répéter les thèses traditionnelles d’un libéralisme atone, replié sur une anthropologie purement descriptive et détachée : elle devra bien se coltiner avec la question la plus difficile, celle du mystère et de l’énigme d’un Dieu absent et présent dans l’histoire comme un Dieu transcendant et éternel ». (Muller 2008)

Bibliographie

Müller, D. (2008). La question de Dieu au cœur de l'humain et la tâche théologique de son élaboration académique et publique. Recherches de Science Religieuse, 96, 547-566. https://doi.org/10.3917/rsr.084.0547


Lefabson Sully

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