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Construction sociale de la réalité - Peter Berger et Thomas Luckmann - résumé par Lefabson Sully

Dernière mise à jour : 18 juil. 2022

Comment la réalité sociale est-elle construite, objectivée, intériorisée, extériorisée et transmise? La réalité sociale est construite en suivant un ensemble d’étapes sociohistoriques dans une démarche euristique. L’individu qui rentre en contact avec un milieu socialement défini, intériorise des éléments (cognitifs et affectifs) de ce milieu et les extériorise objectivement à travers des institutions.


Un résumé de Lefabson Sully, étudiant au département de Sociologie de l'Université de Montréal.


La construction sociale de la réalité se fait par un ensemble de processus sociaux, certains plus sensibles et plus complexes que d’autres. Cette réalité perçue, vécue, intériorisée ou extériorisée s’enchevêtre dans une relation historique et sociale entre l’individu, les institutions et la société.


Crédits photos: les librairies.ca


La sociologie de la connaissance et les fondements de la connaissance

Pour commencer, il faut dire qu’il y a un lien étroit entre la construction de la réalité et la connaissance sur le plan sociologique. Selon Berger et Luckmann, la « réalité » est une qualité appartenant à des phénomènes que nous reconnaissons comme ayant une existence indépendante de notre propre volonté; ‘’la « connaissance » est la certitude que les phénomènes sont réels et qu’ils possèdent des caractéristiques spécifiques.’’ (Page. 41) Ils tentent de redéfinir la nature et le champ de la sociologie de la connaissance en le déplaçant de la périphérie au centre de la « théorie sociologique ». Alors, la connaissance mentionnée ici n’est pas une simple idée, mais une connaissance qui constitue le « tissu sémantique » qui garantit l’existence d’une société.


Plus loin, les auteurs font une analyse sociologique de la réalité de la vie quotidienne afin d’expliquer ses fondements. ‘’La vie quotidienne se présente elle-même comme une réalité interprétée par les hommes et possédant pour ces derniers un sens de manière subjective en tant que monde cohérent.’’ (P.70) Ils définissent et clarifient aussi certains concepts clés que je vais définir au fur et à mesure.

La société comme réalité objective

L’institutionnalisation


Les auteurs réaffirment une réalité déjà bien connue à savoir, grâce à un mode d’organisation de sa pensée, l’homme se distingue de l’animal. Cependant, ils ajoutent que contrairement à l’animal qui se renferme sur son propre environnement, l’homme a une ouverture au monde qui lui permet de créer une relation privilégiée avec son environnement. En plus, ajouter à cette ouverture au monde, la « plasticité de la structure instinctuelle » de l’homme qui en fait, contribue à sa formation socioculturelle. ‘’De même qu’il est impossible pour l’homme de se développer isolément en tant qu’homme, de même il lui est impossible de produire isolément un environnement humain’’ (Page 113) alors le développement humain rentre dans un processus « d’ordre social » qui est une production continue de l’homme. Pour comprendre cet « ordre social » qui émerge, qui se maintient et qui est transmis, il faut analyser la théorie de l’institutionnalisation. L’institutionnalisation prend ses racines dans l’essence même de l’être humain qui est enclin à poser et reproduire des actions avec « fréquences régulières » et ceci sans effort. C’est ce que Luckmann et Berger appellent « l’habituation ». ‘’L’institutionnalisation se manifeste chaque fois que des types d’acteurs effectuent une typification réciproque d’actions habituelles’’ (Page 118) Là où il y a des rapports sociaux qui perdurent, des « typifications » sont créées et l’institutionnalisation peut prendre naissance. Lorsqu’au moins deux individus provenant de milieux sociaux différents rentrent en relation sociale, des actions typifiées réciproques construisent un « arrière-plan routinier » qui va être à la base de l’institutionnalisation, un élément clé à ne pas négliger pour comprendre de la construction objective de la réalité. Un autre sous-concept important dans le processus d’institutionnalisation est l’intériorisation qui se définit comme ‘’la projection dans la conscience au cours de la socialisation du monde social objectivé. D’où la catégorisation tridimensionnelle du monde social. La société est une production humaine. La société est une réalité objective. L’homme est une production sociale.’’ (Page 128) Enfin, l’institutionnalisation requiert un corps de connaissances objectives et sociales.

Sédimentation

Le concept « sédimentation » désigne l’incrustation d’une partie de l’expérience humaine dans la mémoire en tant ‘’qu’entités reconnaissables et mémorables’’ (Page 136). Cela veut dire que même si l’individu est exposé à un océan d’expériences, il n’en retiendra qu’une petite partie. Ce concept permet de comprendre comment se transmettent les expériences collectives d’une génération à une autre d’où la notion de sédimentation intersubjective.


Les rôles

Selon Berger et Luckmann, les rôles sont des rôles socialement définis dans les relations entretenues par les individus à travers les institutions. Ils ont pris l’exemple du juge pour expliquer que son rôle rentre en relation avec d’autres rôles pour compléter l’institution de la loi. Pour parler de rôles, il faut qu’il y ait des acteurs qui peuvent produire des actions objectives typifiées. ‘’Toute conduite institutionnalisée implique des rôles’’ (Page 146) aussi, ‘’tous les rôles représentent l’ordre institutionnel, mais certains rôles représentent l’ordre dans sa totalité ‘’(page 148). Pour revenir sur les rôles comment envisager leurs exécutions dans la société en lien avec la réalité sociale? Les auteurs disent que n’importe qui ne peut pas exécuter des rôles. Cela nécessite une bonne connaissance des normes, valeurs, voire des émotions de la société. ‘’On doit être initié aux différentes couches cognitives et même affectives du corps de connaissance qui est directement ou indirectement approprié à ce rôle.’’ (Page 149)


Légitimation

La légitimation est un concept charnier dans la construction sociale de la réalité. C’est un processus « objectivant ». Sa fonction, dans ce contexte, est de ‘’rendre objectivement disponibles et subjectivement plausibles les objectivations de « premier ordre » qui ont été institutionnalisées.’’ (Page 171) La légitimation semble ne pas nécessaire dans la première phase de l’institutionnalisation. Elle s’impose de plus en plus quand les « objectivations de l’ordre institutionnel » doivent être transmises. Elle a une double dimension « cognitive » et « normative » qui met en relation la connaissance ou l’apprentissage et les normes institutionnelles. ‘’La légitimation est ce processus d’explication et de justification. Elle explique l’ordre institutionnel en accordant une validité cognitive à ses significations objectivées. Elle justifie l’ordre institutionnel en offrant une dignité normative à ses impératifs pratiques.’’ (Page 172)


La société comme réalité subjective et théorie sociologique


L’intériorisation

Le concept intériorisation peut être compris à l’aide de plusieurs sous concepts comme la socialisation primaire et la socialisation secondaire. Je la comprends comme étant le premier pas vers l’intégration sociale. Elle est à la fois la base de toute compréhension d’autrui, et de ‘’l’appréhension du monde en tant que réalité sociale et signifiante.’’ (Page 224) La socialisation primaire mentionnée plus haut est la socialisation de base, phase de départ de l’intériorisation. Elle donne les rudiments sociaux à l’individu à la naissance (qui avait déjà certaines prédispositions) afin de le permettre de devenir membre de la société. Pour être efficace, la socialisation primaire nécessite un double apprentissage : « cognitif » et « affectif ». La socialisation secondaire est ‘’l’intériorisation des « sous monde » institutionnels ou basés sur des institutions. …C’est l’acquisition des connaissances spécifiques de rôles, les rôles étant directement ou indirectement enracinés dans la division du travail.’’ (Page 236) C’est un niveau avancé de socialisation où l’individu doit acquérir un « champ sémantique » plus complexe pour bien jouer son rôle social.

En effet, j’ai compris que la réalité objective et la réalité subjective développent et maintiennent une certaine correspondance entre elles. Comme affirment Berger et Luckmann, la socialisation n’est jamais complète ou parfaite. Ce qui fait en sorte qu’il y a un « affrontement » entre les contenus intériorisés par la socialisation et la menace qui s’étend sur la réalité subjective. En ce sens, la société intervient pour garantir cette correspondance ou « symétrie ». La réalité subjective peut être « inévitable » ou « vulnérable » selon le registre de socialisation. À l’étape primaire de la socialisation, elle est intériorisée comme inévitable. ‘’Cette intériorisation peut finir par réussir si le sens de l’inévitabilité est présent la plupart du temps, au moins durant le temps où l’individu est actif dans le monde de la vie quotidienne.’’ (Page 248) À l’étape secondaire de la socialisation les intériorisations de la réalité subjective est plus vulnérables, car ‘’leur réalité est moins profondément enracinée dans la connaissance et donc plus susceptible au déplacement.’’ (Page 249) Il est cependant important de préciser qu’il existe deux types de maintenance de la réalité. Celle qui maintient la réalité intériorisée dans la vie quotidienne « maintenance de routine », et celle qui maintient la réalité intériorisée en situation de crise « maintenance de crise ». Toutefois, ‘’de la même manière que la réalité est intériorisée à l’origine par un processus social, elle est maintenue dans la conscience par des processus sociaux ’’ (Page 251) et dans ces derniers il faut bien distinguer les « autrui significatifs » et les « autrui moins importants » que je ne vais pas développer.

Théories de l’identité

Je peux dire que l’identité permet de bien comprendre la réalité subjective. Elle est variable, et sa variation se tient dans la « structure sociale » ce qui fait en sorte que chacun possède son identité. De façon claire, l’identité développe une relation privilégiée avec la société et ‘’elle évolue selon le cadre où évolue l’individu et selon son niveau d’insertion de la socialisation primaire et secondaire.’’ (Page 292)


Personnellement je trouve ce livre super enrichissant et pertinent pour comprendre comment sont créées les institutions, comment les normes sont intériorisées et extériorisées. En fin si vous cherchez un classique pour enrichir votre capacité de réflexion et de compréhension du social, je vous le recommande. J'ai d'autres propositions de lectures, des trucs et astuces pour réussir votre session ou vos travaux académiques ou professionnels en lien avec les sciences humaines et sociales.

Écrivez-moi et je serai ravi de vous répondre dans un délai ne dépassant pas 72 heures.



Bibliographie

Berger, Peter L. et Thomas Luckmann. La Construction Sociale De La Réalité́, Paris, Armand Colin, 2006 [1966].

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